Attractivité et fidélisation… Au-delà de l’indispensable question statutaire, les contributions de la kinésithérapie salariée en question.
Novembre 2015
Le Collège National de la Kinésithérapie Salariée, s’associe au communiqué de presse « Kinésithérapie hospitalière en péril ! Le gouvernement saura-t-il écouter le cri d’alerte de la profession ? » publié le 24 novembre 2015.
Observant depuis sa création, l’évolution de la Kinésithérapie salariée, aussi bien en centres hospitaliers qu’en établissements ESPIC, le CNKS alerte depuis plusieurs années les tutelles, sur les difficultés de rémunération statutaires des professionnels, qui nuisent à l’attractivité de l’exercice salarié.
En 2008, à l’invitation de la DHOS, le CNKS a participé à l’élaboration de la monographie kinésithérapeute métier sensible. Le caractère sensible du métier étant défini, à la fois en terme de manque d’attractivité, mais aussi d’émergence de nouvelles pratiques professionnelles dans le champ salarié : exercices professionnels orienteur - diagnostiqueur (centré sur le chemin clinique) / hyper-techniciste (centré sur les pathologies, les technologies,…) / polyvalent ou plurivalent (centré sur une approche généraliste).
La contribution de la kinésithérapie salariée de demain serait une participation active au parcours de soins de patients de situation de handicap, par le développement les liens ville hôpital.
Une analyse medico-économique de l’impact des kinésithérapeutes au parcours de soins doit être menée, tant sur le court terme par les diminution de durées de séjours ou d’infections que sur les impact à long terme sur les situations de handicap, particulièrement dans un monde de la santé aux budgets très contraints et aux injonctions paradoxales : Comme assurer qualité et sécurité des soins avec des moyens de plus en plus contraint ? Comment parvenir à une formation clinique et tout au long de la vie de qualité ? Comment évaluer les pratiques professionnelles et valider les thérapies émergentes ? Comment fidéliser des professionnels qui s’épuisent par la non-qualité (Y. Clot) ?
Concernant les kinésithérapeutes salariés, et malgré la créativité des cadres de santé et des directions de ressources humaines pour adapter les défis organisationnels et statutaires de la continuité des soins, des postes restent difficiles à pourvoir. L'enquête et le forum organisés en 2008 par le CNKS ont mis en exergue que les freins au salariat restent le faible salaire, la prégnance de la hiérarchie, la rigidité des institutions et la non reconnaissance des professionnels.
Les arguments en faveur du salariat sont le salaire régulier, le travail en équipe, la stabilité des horaires et la diversité de l'exercice professionnel. Ces freins et ces avantages sont sous-tendus par des valeurs professionnelles fortes qui s'inscrivent autour des notions d'adaptabilité, de respect, d'autonomie-responsabilité et d'esprit d'équipe...
Le CNKS avait alors émis des propositions destinées aux instituts de formation, aux tutelles et institutions, aux professionnels et à l'encadrement pour valoriser ces constats et les décliner en actions. Parmi ces actions, au delà de la question irrésolue des statuts et des salaires, la triade activité-stratégie-performance (E. Roussel) est une piste qui permettrait de donner du sens au travail, une responsabilité aux acteurs, un management des interactions avec le corps médical et des opportunités en terme de condition de travail et d'évolutions professionnelles.
L'interprofessionnalité, la connaissance et la reconnaissance mutuelles des acteurs constitue à ce titre l'une des clés de la co-construction de projets de kinésithérapeutes, de cadres de santé, de directions d'instituts et d'établissements.
Charge maintenant aux tutelles d’analyser avec les kinésithérapeutes le sens et l’impact social et medico-economique de leurs rôles et leurs missions, et de revoir parallèlement les conditions statutaires et organisationnelles de l’attractivité et de la fidélisation de la kinésithérapie salariée de demain.
Kinésithérapie hospitalière en péril ! Le gouvernement saura-t-il écouter le cri d’alerte de la profession ?
Les établissements de santé souffrent depuis des années d’un manque dramatique de masseurs-kinésithérapeutes. En 25 ans, la moitié d’entre eux a délaissé les hôpitaux. Les rares centres hospitaliers disposant d’un plein effectif ont recours à des efforts budgétaires conséquents, à de l’intérim ou à des kinésithérapeutes étrangers. Plus grave, des postes vacants sont pourvus par d’autres professions qui parfois sont hors du champ des professions de santé réglementées et pratiquent illégalement la masso-kinésithérapie.